Formidable paradoxe: alors qu’on ne cesse d’évoquer les bénéfices d’un vaccin protecteur contre le Covid-19, les ventes de vaccins ne cessent, en France de diminuer; atteignant, durant le confinement, moins 50% pour l’obligatoire rougeole-oreillons-rubéole. Conséquence: un risque croissant de résurgence épidémique de maladies infectieuses et contagieuses. Un risque d’autant plus grand qu’il s’inscrit dans le cadre plus général d’une opposition, à la fois latente et structurée, au principe même de la vaccination.
Dans ce contexte, on peut prévoir l’émergence sous une nouvelle forme, de la confrontation entre les libertés individuelles et un pouvoir exécutif imposant une contrainte corporelle au nom de la santé publique. Imposer, de gré ou de force, le futur vaccin contre le Covid-19?
Cette confrontation bien connue, qui nourrit le combat des anti-vaccins, prendra alors une nouvelle dimension. À la fois du fait de la dimension pandémique de la maladie, mais aussi et surtout de ses innombrables conséquences médicales et économiques, politiques et diplomatiques.
Il n’est pas trop tôt pour s’intéresser à ce sujet. Si certaines interrogations théoriques demeurent, tout laisse penser, au vu des efforts considérables déployés à l’échelle international, que l’on parviendra à mettre au point plusieurs vaccins protecteurs contre le Covid-19; les premiers pouvant être mis sur le marché durant l’année 2021.
Or un sondage Ifop pour le consortium Coconel (Coronavirus et confinement: enquête longitudinale) réalisé fin mars 2020 établit que plus d’un quart des Français·es (26%) ne voudraient pas se faire vacciner contre le SARS-CoV-2. «Ce refus est plus important chez les femmes, notamment les jeunes, alors que ce sont elles, souvent, qui prennent les décisions vaccinales pour les enfants», pointe dans Le Monde Patrick Peretti-Watel, sociologue, directeur de recherche à l’Inserm et coordinateur scientifique du projet Coconel.
«Le pourcentage de refus est plus élevé (39%) chez les 26-35 ans. Un tiers environ des employés et des ouvriers le refuseraient aussi, alors que, chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, le taux de refus n’est que de 16%.»